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BLOG COSY MYSTERY

5 étapes clés pour écrire un cosy mystery…
Ena Fitzbel vous dit tout !

Le cosy mystery, vous connaissez ? On utilise cette appellation pour désigner de la comédie policière.

Laquelle expression a toutes les chances de ressembler à un oxymore – que voilà un bien vilain mot ! Promis, ce sera le dernier.

En effet, depuis quand un polar invite-t-il au délassement ?

Et pourtant, c’est bien la mission que ce sous-genre du roman policier s’est fixée.

Nous divertir, et ce, même si un ou plusieurs morts émaillent le récit.

Elément décoratif - pattes de chien.
Elément décoratif - teckel monolignen.

Commençons par un peu d'histoire

Enquêtes en petit village

Le terme de cosy mystery (notez que les Américains écrivent cozy avec un z, et non un s) est né en Grande-Bretagne dans les années 1960. Auparavant, il n’existait pas de vocable particulier pour désigner des enquêtes policières racontées avec humour et menées par des amateurs (des femmes dans la plupart des cas). À titre d’exemple, laissez-moi vous citer Les enquêtes de Miss Marple d’Agatha Christie, datant des années 1930, où une vieille dame sédentaire élucide des énigmes. Je vous recommande d’ailleurs L’affaire Proteroe – le premier tome –, un texte rédigé à la première personne du singulier qui vous surprendra par sa modernité. 
Au fil du temps, le genre s’est affirmé, séduisant de plus en plus d’adeptes. L’auteure M. C. Beaton lui a donné ses lettres de noblesse dans les années 1990 avec, entre autres, les désormais célèbres Agatha Raisin. Traduits dans le monde entier, ils n’ont débarqué en France que très tardivement puisque le premier tome de la série n’a été publié chez nous qu’en 2016. Dès lors, le cosy mystery n’a cessé d’attirer des lecteurs francophones, en quête de légèreté. 

Aidée de Rimbaud, son compagnon à quatre pattes, Jade mène l’enquête.

Pour ma part, je n’ai commencé à en lire que bien après avoir écrit Le curieux manoir de tante Aglaé, le tome 1 de ma série de cosy mystery qui se déroule en Bretagne. En somme, j’ai été comme M. Jourdain – dans Le Bourgeois Gentilhomme de Molière – qui faisait de la prose sans en avoir conscience. Comment est-ce possible, me direz-vous ? Aurais-je des dons de voyance ? Que nenni ! J’ai tout simplement été biberonnée aux feuilletons télévisés tels que Castle, Arabesque, Pour l’Amour du risque, et j’en oublie. Enfant, j’adorais les Alice détective de la Bibliothèque verte, et me délectais par la pensée des goûters pantagruéliques du Club des cinq d’Enid Blyton dans la Bibliothèque rose.

Maintenant que j’ai contracté le virus du cosy mystery, je n’ai d’autre choix que d’en écrire… et d’en lire énormément. Hélas, plus j’en dévore, plus leur nombre s’amenuise. Les titres étrangers ne manquent pas, mais rares sont ceux traduits en français. Et lorsqu’ils le sont, c’est souvent grâce à l’intelligence artificielle, avec les problèmes de qualité que l’on connaît. Quant aux textes en langue française, ils ne sont pas légion. N’est-ce pas une raison, pour nous autres auteurs français, d’affûter nos plumes et d’écrire des cosy mystery bien de chez nous ?

Première étape : choisir son personnage principal

Que vous racontiez votre histoire à la première ou à la troisième personne du singulier, le héros de votre cosy mystery sera toujours au cœur de l’intrigue. Ses actions et ses motivations modèleront le scénario. Il est l’élément clé du récit, qu’il rythmera tout en imposant la cadence. Car c’est lui qui mènera l’enquête.
Il est primordial que votre héros n’ait aucun lien avec les forces de l’ordre. Moins il en saura sur les ficelles du métier de détective, plus il se rendra accessible au lecteur. Et que ce postulat ne bride pas votre créativité ! Des romanciers avant vous n’ont pas hésité à s’approprier des personnages principaux aussi inattendus que l’ex-chancelière allemande Angela Merkel ou la feue reine Élisabeth II.
Je ne saurais trop vous conseiller d’opter pour un citoyen ordinaire. De préférence une femme, afin de susciter l’empathie chez les lectrices, grandes consommatrices de cosy mystery. Plutôt malchanceux dans la vie, votre héros sera un aimant à embrouilles. Les ennuis pleuvront sur lui de toute part. Par chance, cet amateur que la police sous-estime saura démêler l’intrigue, le plus souvent grâce à des méthodes peu conventionnelles.
Avant que de définir l’enveloppe corporelle de votre personnage principal, vous veillerez à le doter d’une structure organisée selon ces trois axes : faiblesse, besoin et désir. Ce conseil d’ordre général n’est pas à négliger. Car même si l’ambiance d’un cosy mystery est légère, la psychologie du héros se doit d’être travaillée. 

Cosy mystery avec animaux

Jade et Rimbaud sur la plage de Foisic.

Romans policiers douillets

Dans les Enquêtes au manoir de tante Aglaé, mon héroïne Jade Beaumont est frappée d’une malédiction qui lui gâche la vie. Elle ne termine jamais ce qu’elle entreprend, telle est sa faiblesse. Depuis sa plus tendre enfance, tous ses projets sont voués à l’échec. Ainsi, à vingt-six ans bien sonnés, elle n’a toujours pas décroché de diplôme ni d’emploi, ce qui l’amènerait presque à penser qu’elle a mérité son surnom de « canard sans tête ». 
Sans pour autant vouloir ressembler à son frère ou à sa sœur, elle aimerait bien connaître la même réussite sociale qu’eux. Tel est son besoin. Ah, si seulement elle pouvait gagner le respect de ses parents ! Lorsqu’elle hérite du manoir de sa grand-tante Aglaé, elle y voit l’opportunité d’améliorer sa situation. Son désir : rénover cette vieille baraque, puis la vendre pour en tirer un bon profit et forcer l’admiration de ses proches.
Les contours de mon héroïne sont ainsi dessinés. Sa position d’infériorité et son besoin de reconnaissance établissent son objectif. Lequel joue le rôle de déclencheur dans le récit. L’action peut alors démarrer, appuyée par une série d’éléments perturbateurs, de rebondissements et de révélations.

Deuxième étape : trouver un décor accueillant

Nouveautés cosy mystery

Foisic : quelque part en Bretagne, entre Quimper et Vannes.

Pourquoi ne pas plutôt s’intéresser à l’intrigue, me demanderez-vous ? Au risque de vous décevoir, je vous répondrai que ça attendra. Votre roman ne sera jamais un cosy mystery sans un écrin de douceur pour l’accueillir. Il vous faut l’ancrer dans un cocon douillet. Le milieu rural, un village, un bateau de croisière s’y prêtent à merveille. Abandonnez immédiatement l’idée de l’implanter dans le Chicago des années 1950. C’est d’accord, on n’est pas contre un ou deux cadavres, mais la violence et les bains de sang sont à proscrire impérativement. De même, ne faites pas de votre roman un instrument de politique ou un outil de sensibilisation aux enjeux internationaux. Votre lecteur cherche par-dessus tout à s’évader d’un quotidien pesant, n’allez pas lui donner le cafard.


Pour les Enquêtes au manoir de tante Aglaé, j’ai choisi un tout petit village de Bretagne. Ne cherchez pas, vous ne le verrez sur aucune carte. Ce minuscule îlot de maisons hétéroclites accolé à une falaise et bordant une baie abritée sort tout droit de mon imagination. Foisic – tel est son nom – ne serait pas ce cadre chaleureux sans ses habitants tout aussi fictifs. Je me suis donc fait un plaisir de les ajouter, à commencer par ceux que l’on s’attend à rencontrer dans un endroit de ce type : une maire, un guérisseur, une coiffeuse, un curé, une postière, un quincaillier, et j’en passe.

Troisième étape : les acolytes du héros

Notre héros ne serait qu’un bateau à la dérive s’il n’avait pas d’acolytes pour l’épauler. Que serait Sherlock Holmes sans le docteur Watson, Tintin sans Milou, Hercule Poirot sans le capitaine Hastings ? Rien, nada. À qui le héros de cosy mystery confierait-il ses doutes et ses soupçons s’il travaillait en solo ? Sans un fidèle compagnon à ses côtés, il tournerait vite en rond. Et le lecteur assisterait à une tempête sous un crâne plutôt qu’à un échange constructif visant à confondre le coupable.


Dans les Enquêtes au manoir de tante Aglaé, Jade est toujours accompagnée de Rimbaud, un facétieux teckel. Mais nous nous accorderons tous sur le fait qu’une conversation avec un chien a toutes les chances de ressembler à un monologue. J’ai donc choisi d’autres acolytes pour mon héroïne.

Corentin, un jeune orphelin, et son oncle Alban, un très charmant instituteur, secondent Jade dans ses enquêtes.

À partir du troisième tome, Irène Beaumont, la mère de mon héroïne, ainsi que Joseph Jégou, le policier gaffeur, se joignent à eux.

Chacun de ces personnages apporte sa pierre à l’édifice, recueillant des indices et proposant des pistes de réflexion. Compte tenu de leurs caractères complémentaires, ils amusent le lecteur. Ainsi que le feraient l’alliance d’un doux rêveur avec un être terre à terre, ou celle d’un grincheux avec un joyeux luron.

mystères et enquêtes

Rimbaud, le teckel de Jade.

Livres cosy mystery

Corentin et Rimbaud.

Héros détective amateur

Irène, la mère de Jade, et Rimbaud.

Quatrième étape : de l’humour mâtiné de bienveillance

Livres de détective amateur

Joseph Jégou, le policier gaffeur.

Dans les cosy mystery, on a tendance à préférer l’humour à l’action, le but étant de faire rire. Le souci, c’est qu’il n’y a pas plus subjectif que l’humour. Personne ne rit des mêmes choses. Certains d’entre nous s’esclafferont devant des vidéos d’animaux farceurs là où d’autres resteront de marbre.

Sans entrer dans des détails qui m’amèneraient à citer Kant, Freud ou Nietzsche, je vous conseillerais simplement de cibler un public restreint à vous-même. En résumé, amusez-vous en écrivant votre roman. Le lecteur n’adhérera pas forcément à votre humour, mais si vous parvenez à lui transmettre cette folle énergie qui vous a habitée tout au long de votre composition, vous aurez rempli votre contrat. Ne perdez jamais de vue qu’à défaut d’être toujours compris, le rire est contagieux.

Traits d’esprit, raillerie, autodérision, situations comiques et même caricatures sont autant d’outils à votre disposition. Évitez toutefois de ridiculiser votre héros. Son rôle est de faire avancer l’intrigue, et non de jouer les bouffons de service.

Dans les Enquêtes au manoir de tante Aglaé, Jade Beaumont ne vivra pas d’humiliations telles que glisser sur une peau de banane ou recevoir un seau d’eau sur la tête. J’ai confié la lourde tâche de dérider le lecteur à des personnages secondaires loufoques ou candides. Il y a d’abord Rimbaud, le fidèle teckel de mon héroïne. Il ne rate jamais une occasion de soulager sa vessie sur les pieds de ceux qui le traitent de saucisson sur pattes. Viennent ensuite les frères Prigent, chargés de repeindre le manoir légué par la grand-tante Aglaé. Lents du pinceau, agiles de la fourchette, ils ne travaillent jamais le ventre vide. Résultat, Jade leur sert de cantinière. Joseph Jégou, l’adjoint du brigadier-chef de Foisic, n’a rien à leur envier. Plus balourd que lui tu meurs !

Quel que soit le type d’humour que vous adopterez, évitez coûte que coûte la méchanceté. Votre roman devra se dérouler dans un climat de bienveillance.

Cinquième étape : l’intrigue (enfin !)

L’intrigue d’un cosy mystery ne diffère pas de celle d’un roman policier. On y trouvera un ou plusieurs morts, des secrets, du mystère et bien évidemment un coupable à démasquer. Mais comme stipulé précédemment, il ne peut y avoir de violence, ni encore moins de scènes de sexe. Si romance il doit y avoir entre le héros et un autre personnage, il est préférable qu’elle prenne son temps… tout son temps. Déçus ? Bah, on ne lit pas de cosy mystery pour se mettre la rate au court-bouillon.


Mais revenons à notre intrigue. Je vous recommande de la construire à l’envers. Une fois que vous aurez établi qui seront la victime, le meurtrier et les fausses pistes, vous pourrez commencer. Un dernier conseil avant de vous laisser plancher sur votre roman : si vous envisagez d’écrire une série, il serait bon de l’enrichir d’un secret de famille ou d’une sous-intrigue qui se dénoueraient au fil des tomes.


À vous de jouer !

Ebooks de cosy mystery

Mystère au cimetière de Foisic !

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